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Comment vit-on, rêve-t-on, habite-t-on l’espace en créole ?
Comment envisage-t-on l’histoire, l’avenir, le tout-monde ?


 
TEXACO


CRÉATION 2025
 

Texaco est un titre de travail, il vient d’un bouquin de Patrick Chamoiseau, prix Goncourt 92, qui raconte l’histoire de la Martinique à travers celle d’une famille et surtout d’un quartier de bidonville appelé ainsi parce qu’il est à côté de l’usine Texaco, à Fort de France. Le quartier est voué à être détruit pour y construire une autoroute et une vieille femme raconte son histoire et celle du pays à un jeune urbaniste.

Je ne suis pas certain du tout qu’il y ait quoi que ce soit de ce livre dans le spectacle final, mais il y a une langue et une pensée qui ont été déclencheurs pour moi de cette envie de m’empoigner avec la créolité.

La grande question pour moi sera donc : comment on peut s’irriguer à cette pensée créole pour penser notre situation ici, ceci afin de proposer (ou d’inventer) d’autres manières de penser le monde d’aujourd’hui… Voilà, c’est simple et modeste….

Je crois qu’on ne sait plus vraiment ce qui nous fonde, en tant que peuple et en tant qu’individu, comment vivre dans ce monde, et qu’il nous faut reconstruire des racines qui ne soient pas identitaires mais rhizomatiques, qui s’appuient sur des rites et schémas ancestraux pour penser nos situations actuelles.

Pour moi Texaco est la continuité de pensée de Mes Déménagements, après un détour par le grand nord et la tranquille assurance des explorateurs de nouveaux territoires.

J’ai envie de proposer un rassemblement festif et revendicatif, qui parte des cultures et des ressentis de chacun, qui affronte les mauvaises consciences, les impensés et les replis globaux pour proposer quelque chose de généreux et qui tende vers une vision du monde qui nous corresponde.

Je pense en premier aux carnavals, bien sûr, mais aussi aux rave parties, aux bals folks, aux manifs… Et j’aimerai trouver dans ce moment collectif, puissant, énergique, comment amener de la fragilité, du témoignage individuel, de la sensibilité personnelle…

Il s’agit de nous hydrater aux manières de faire et de penser liées à la créolisation pour penser notre situation actuelle. En aucun cas de faire un spectacle folklorique qui singerait un carnaval antillais.

 

J’ai envie d’une parade carnavalesque qui investisse les boulevards des villes. J’imagine un camion plateau avec un groupe de musique et un système son assez puissant en tête de cortège, puis un ou deux autres petits véhicules (type voitures sans permis), habités par les comédiens, dans la foule. J’ai envie d’un public qui danse en avançant, d’une musique forte et entraînante, quasiment toujours présente, de personnages plus grands que nature, qui entraînent le public, mais aussi lui raconte une histoire, exposent leurs doutes, douleurs, revendications. Qu’il y ait beaucoup de chant et que le public participe physiquement et soit amené à se transformer aussi.

 

J’imagine une esthétique entre les images de Charles Fréger, Leah Gordon ou des esthétiques afro futuristes de groupes musicaux comme Fulu Miziki ou Die Antword. Un spectacle à haute densité énergétique, pour exorciser les frustrations et immobilités actuelles.

 

Le Groupe ToNNe sera compagnie associée à l’atelier 231, de 2023 à 2025, autour de la création de ce spectacle.

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